Critiques

Le don de Djob !

Le prochain album d’Emmanuel Djob, Get on Board !, est un condensé de toutes les influences musicales qui ont structuré et affiné, au fil du temps et d’expériences diverses, la perception que l’auteur de Seven Minutes (Quai Des Sons 2008, Belgique), Miracle Of Life (Temps Records 2010, Espagne) et Remember (Temps Records 2010, Espagne) a de la musique : une musique sans frontières qui tire sa force de la substance qu’est cette colombe musicale nommée Gospel, cette musique qui permet la transcendance de par les thématiques qu’elle propose. Onze titres donc à travers lesquels Emmanuel Djob nous convie à une sorte de circumnavigation musicale heureuse à travers le temps et les âgesque constituent ses repères musicaux lesquels repères, pour le cas d’espèce, sont aussi bien Ben Harper («Gimme some more»), le «Black President», Fela Anikulapo Kuti le père de «Roforofo Fight» («Mes tissages»), que Bob Marley («La même lumière») ou Ray Charles («Georgia») ; un clin d’œil à Crusaders/Cool and The Gang («Get on Bord !») à qui il manquait plus qu’une beat box pour faire davantage dans l’aire du temps !

Get on Board ! est un album-hommage en quelque sorte. Et bien réussi en plus ! Mais pour bien comprendre ce travail d’une douce agressivité -si je ne m’en tiens qu’à la polyphonie des harmonies vocales et de l’emploi discret de l’orgue Hammond que j’adore- qui a été enregistré et mixé en mai 2014 au Studio A4 Sound Factory, à Forges-les-Eaux, et dont le mastering a été assuré en Grande-Bretagne à la John Dent Loud Studio, il faut absolument comprendre l’affinité, voire la connivence intrinsèque qui existe entre tous ces musiciens planétaires : la célébration de la musique est intimement liée au message engagé délivré dans les textes et dont la puissance évocatrice des concepts qui la confortent sont de nature à transformer l’être humain en un bien impérissable. E. Djob s’inscrit incontestablement dans cette perspective avec cet album chanté en anglais et en français : on remarquera d’ailleurs au passage le coaching gagnant d’un autre «rebelle», Francis Lalanne, pour l’écriture des textes en la langue de Molière.

Emmanuel Djob, par cet album, nous donne donc à écouter du Gospel autrement ou inversement, je veux dire les genres mentionnées plus haut revus sous le prisme de cette musique sacrée, en respectant ce qui leur a mutuellement survécu musicalement : l’état d’esprit et le feeling. Un état d’esprit avec lequel on ne saurait tricher, donc, qui vous oblige à l’humilité et à l’ascèse et un feeling qu’on a dans le sang ou pas. Deux constantes que l’on décèle à l’écoute de cet album. Je me réjouis personnellement de ces 11 titres qu’on écoute, qu’on danse et qui donnent aussi à méditer (Cf. «Sons of Lilith» [certainement la chanson qui dévoile le plus la personnalité profonde de Djob : un vrai régal textuel et musical! On pourrait dire la même chose de «Nobody Wants to Die» ou de «When There’s No More Love»]. Djob, bien soutenu par une partie du Kelin Kelin Orchestra avec les présences remarquées de Kayou Roots (ts) et Jean-Jacques Elangué (as), a donc bien voulu partager avec nous les musiques qu’il aime et comment, surtout, il les conçoit ; ces musiques qui traversent allègrement le temps en prenant de jolies rides au passage : ce qui fait en réalité de cet album un inclassable de premier choix comme je les aime, mais aussi un formidable pied-de-nez à ceux et celles qui ont vite fait de le cataloguer uniquement comme un gospel singer.

Avec Get on Board ! si Djob a dû prendre des risques, il est évident qu’il se fait d’abord plaisir ! Ce que confirme magistralement le présent travail qu’on aimera, je le pense, pour la capacité de son auteur à surfer avec bonheur sur plusieurs genres et styles musicaux, mais aussi pour cette joie de vivre qu’il transmet à travers sa voix chaude et les subtils arrangements avec lesquels elle cohabite sans heurts. La sortie grand public de Get on Board! est prévue pour le mois de septembre 2015 pour cet album au final très roots et très moderne aussi, coproduit par Narcisse d’Almeida. 

Joseph Owona Ntsama

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