Entretiens

Jean-Jacques Kanté: « L’art pour moi combine savoir-faire, savoir-être et savoir-vivre »

Le promoteur des Ateliers éponymes fait le point de l’initiative «Ateliers Kanté», édition 2017 qui s’est déroulée à Batié au Cameroun.

Quelle évaluation faites-vous des Ateliers Kanté, rendus à la 6e édition, cette année ?

Le projet est né d’une manière banale. Quand j’étais à Mbalmayo comme enseignant à l’Institut de formation artistique (IFA), je sentais une demande des élèves de les suivre dans leurs disciplines artistiques. Ayant fait 15 ans à l’IFA, je n’avais pas de vacances parce que je me retrouvais avec beaucoup d’étudiants au mois d’août. C’est comme cela que j’ai déplacé mon atelier dans mon village, Batié, où je comptais prendre mes vacances. C’est ainsi que l’atelier Kanté est devenu Les Ateliers Kanté à cause de la mobilité, pouvant désormais me déplacer. En 2012, je commence avec  cinq étudiants qui décident de me suivre dans mes ateliers où je prenais en charge le logement et la nutrition des stagiaires. La deuxième année, c’était pareil. En 2013, j’ai constaté que les stagiaires, avaient les difficultés à se nourrir, j’ai senti la nécessité pour l’étudiant de se prendre en charge pour qu’il soit mieux suivi et assidu. C’est en 2014 que je décide donc que chaque stagiaire doit verser des vrais pour sa nutrition soit une somme de 30.000 FCFA pour 30 jours incluant trois repas et autres divers. En 2015, j’ai senti le besoin de déplacement pour la visite des sites et lieux culturels dans la région. Ainsi, l’année d’après, les frais ont été augmenté de 5.000 FCFA. J’ai dû engager des personnes pour faire la cuisine, avant c’était mon épouse pendant les trois premières éditions. Nous sommes passés au début  de cinq  stagiaires à 31  cette année.

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En quoi consiste l’accompagnement des stagiaires ?

Jean-Jacques Kanté

Il s’agit pour nous d’améliorer la technique  des stagiaires dans le genre pictural qui pour moi est la base de la technique, notamment la nature morte, le paysage et le portrait. Chaque année, je fais ce que je peux pour donner le meilleur de moi pour que l’apprenant acquière ce savoir-faire. Le nombre grandissant depuis deux ans, j’ai fait appel à des ainés et bien d’autres personnes pour me soutenir. En pensant à la survie du projet si je meurs, j’ai sollicité Patrick Ngouana, et on a décidé d’officialiser le projet pour qu’il ait plusieurs personnes qui le portent, en le transformant en association Art-Kéo.

Des raisons d’être satisfait ?

Je peux dire que c’est beaucoup plus la fierté d’accompagner les jeunes qui arrivent dans leur développement personnel, parce que l’art pour moi c’est ce savoir-faire que chaque humain devait avoir quel que soit le domaine, ce savoir-être et enfin ce savoir–vivre. C’est ce qui est resté depuis la première édition, et une recherche permanente dans Les Ateliers Kanté. Pendant le stage, c’est une famille qui est formée, qui apprend à vivre.

L’autre fierté, ce se sont aussi les personnes qui se sont greffées, Issa, Hervé Youmbi, Ruth Belinga, Yvon Ngassam, Aude Mbga, Anjel, Kemkeng et les visites des personnes curieuses. Barthélémy Toguo nous reçus et a partagé son expérience avec les futurs plasticiens, le Musée des civilisations de Dschang nous a également accueillis. Je n’oublie pas les deux chauffeurs qui nous ont  conduits sur le trajet  Batié–Bandjoun-Dschang-Batié. Aujourd’hui, c’est la satisfaction de partager ces moments de clôture des Ateliers Kanté ici à l’hôtel Tchoupé que je remercie, ainsi que tous ces curieux. C’est le moment aussi d’exprimer ma gratitude à Larissa Njakomo qui a mis sur pied le site d’informations ainsi qu’à Mosaïques qui est un maillon important dans l’industrie culturelle au Cameroun. Tout ceci a également été rendu possible grâce au soutien de mon épouse qui a accepté un plasticien dans sa vie. Merci au Seigneur qui nous a protégés depuis la première  édition. Ma seule interrogation va à l’endroit des pouvoirs publics qui n’arrivent pas encore à comprendre le bien-fondé de l’art dans la société. Aucune société ne peut se développer sans la culture artistique.

Quelles sont les perspectives pour l’année prochaine ?

On aimerait rassembler tous les stagiaires qui ont participé depuis la première édition aux Ateliers Kanté. Et pour cela, il y a beaucoup d’articulations prévues à travers certains projets qui seront ficelés. Il faut retenir qu’on fêtera les sept ans des Ateliers Kanté en 2018.

Recueilli par Martin Anguissa à Batié

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