Critiques

Musique: Ekoumè, c’est comme l’amour !

Rafraîchissant ! C’est le sentiment que j’ai éprouvé après l’écoute du Cd de Valérie Ekoumè (produit et réalisé par Guy Nwogang) cette femme au noir de jais que j’ai rencontrée dans les coulisses du Palais des Congrès de Yaoundé lors des festivités du quarantenaire du Centre International de Recherche et de Documentation sur les Traditions et les Langues Africaines (Cerdotola) en octobre dernier. C’était en présence de Manu Dibango que je cherchais en fait pour qu’il me dédicace quelques-uns de ses disques 33 tours que je possède depuis belle lurette ! Ce qu’il fit de bon cœur en même temps qu’il me présentait Valérie Ekoumè !

En effet, les 11 titres (+un remix de James BKs, «Bye Bye» et une version longue de «Dipita Na Wélissanè» avec Manu Dibango en featuring) enregistrés respectivement à Paris (Twin Studio), Los Angeles (Diamond Dreams et Muyungo Studio), New-York (Fred Doumbè Studio) et enfin à Lisbonne (Namouche Studio), nous instruisent sur un univers musical où se mêlent et s’entrecroisent allègrement et avec un réel bonheur aussi, les traditions musicales makossa et les ambiances festives traditionnelles du cru («Ndola Mbalè», «Bye Bye», «Eh Eh» et «Djaalé») et cette manière toute caractéristique de s’approprier quelques influences jazzistiques (Ekoumè les butine en réalité, notamment en ce qui concerne son chant) sans donner l’impression qu’elles lui soient chevillées au corps (Cf. «Mama», «Dipita Na Wélissanè», «Na Méya» et «Ndolo»).

Cette alchimie réussie s’explique en bonne partie quand on regarde très attentivement la qualité technique du casting des musiciens invités en studio (Mario Canonge, Michel Alibo, Justin Bowen, Patrick Marie-Magdelaine, Raymond Doumbè, Guy Nowgang, Indy Dibonguè, etc.) et aussi en partie par une inspiration qui va chercher dans les petites quotidiennetés de la vie de tous les jours, les rapports entre les Hommes, les images d’enfance et cet incontournable fluide mystique qu’est l’amour qui rend tout possible dès qu’on réussit à l’extérioriser ! La chanson qu’elle dédie par ailleurs à l’amour (Cf. «C’est comme l’amour») autant que «Ndolo» (l’amour, en langue douala, comme quoi !) en dit long sur cette énergie bondissante, enthousiaste, que dégage cette jeune mère sur scène à l’occasion. Sa musique, à travers ces titres, se présente donc d’une sorte d’hymne à l’amour (qui me fait penser en même temps à la célèbre chanson d’Edith Piaf sur le même thème) distillé à travers les canaux vivifiants d’une joie de vivre que cet album, son premier aussi, (Djaalé, © & Production 2015, Val2Val Prod) donne à écouter aux mélomanes d’ici et d’ailleurs.

Valérie Ekoumè entre donc, ce faisant, dans le cercle de ces femmes musiciennes du Cameroun et du monde qui s’élargit au quotidien avec des jeunes talents qui émergent çà et là. Et Ekoumè en fait partie, je pense, avec ce premier album aux partitions propres, au souffle chaud qui instille pourtant, et avec parcimonie, une sorte de bucolité qui permet la transcendance en nous transformant de l’intérieur. En effet, cet album est en réalité le reflet d’un travail très intimiste (Cf. «Changer» etsurtout «C’est comme l’amour») : c’est incontestablement à mon avis l’un des traits forts de ce travail prometteur. Je croise donc les doigts pour que cette dame fasse son petit bout de chemin…                 

Joseph Owona Ntsama

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